13onze15 était présent auprès de LFP sur le parvis de la Mairie du 11ème arrondissement lors de la commémoration des attentats du 13 novembre. En cette occasion, Ph Duperron, notre président  a prononcé ce discours :

Mesdames et Messieurs les élus, Madame la maire, merci d’être toujours présents à nos côtés,

Merci chère Anne de votre soutien alors que la ville de Paris est désormais la seule contributrice à la vie de l’association nous permettant ainsi de rester présents aux côtés des victimes que sont nos adhérents.

 Merci à tous de votre présence.

 C’est la 7^ème année que nous nous retrouvons ici devant la mairie du 11^èmearrondissement, la mairie du 11^ème où de trop nombreux actes de décès ont été dressés dont les livrets de famille portent la trace, sorte d’épicentre des lieux des attentats qui ont marqué notre vie à tous, il y a 8 ans.

Le temps s’écoule inexorablement, le temps qui fait son office et devrait atténuer nos douleurs et cicatriser nos plaies.

Et pourtant, pourtant l’actualité, année après année vient déverser non pas seulement des poignées mais bien des tombereaux de sel sur ces plaies et ainsi raviver les douleurs.

Le terrorisme djihadiste nous atteint à nouveau.

3 ans à peine se sont écoulés depuis l’assassinat de Samuel Paty que le 19 octobre c’est le professeur Dominique Bernard qui est lui aussi sauvagement assassiné à coups de couteaux à l’intérieur même de son collège à Arras par un terroriste tchétchène au cri d’Ala hu Akbar.

Une fois encore c’est la laïcité telle que nous la concevons en France, l’école de la République, la liberté de penser, l’éducation à la réflexion, l’éducation au débat d’idées, l’éducation à l’égalité des sexes, l’éducation à la contradiction qui sont la cible du terroriste.

Cette liberté, cette éducation à la fraternité qui fondent notre république sont diamétralement opposés à ce que le terrorisme djihadiste veut nous imposer, tout l’opposé de ce qu’infusent dans l’esprit de nos enfants les réseaux sociaux dans ce qu’ils ont de pire.

Alors aussi que le 7 octobre, quelques jours avant seulement, c’était un attentat de masse perpétré par le Hamas, organisation terroriste qui s’est comportée à l’identique de ceux qui s’affirmaient en 2015 soldats de l’État Islamique, en massacrant des populations entières de femmes, d’enfants, de vieillards parce que nés juifs. Tous les témoins ont dit combien l’horreur s’est déchaînée ce jour-là.

Ces 260 corps retrouvés sur le site de la Rave Party près du Kibboutz RE’IM ne sont pas sans nous rappeler cruellement les 90 corps sans vie dans la salle de concert du Bataclan.

Alors que nous célébrons aujourd’hui les victimes des attentats du 13 novembre 2015, nos pensées vont à toutes les victimes du terrorisme djihadiste, à la famille de Dominique Bernard, aux familles de l’attentat meurtrier du 7 Octobre en Israël mais aussi à toutes les victimes civiles palestiniennes de la riposte Israélienne. Toutes sont des victimes directes et indirectes du terrorisme. On a parlé des victimes par ricochet, il y aurait ici des victimes par effet boomerang.

Ainsi, alors que le Musée Mémorial du Terrorisme n’est encore qu’au stade de projet, alors que les noms des victimes sont apparus comme étant un élément central du projet artistique du Mémorial ainsi qu’il est dit dans le cahier des charges :

« L’inscription des noms peut former une œuvre en soi, d’autres noms doivent pouvoir être ajoutés »,

Force est de faire le triste constat que l’on est bien loin de pouvoir poser le point final à la liste des noms des victimes du terrorisme. A cette liste s’ajoutent dès aujourd’hui celui de Dominique Bernard et ceux des 30 victimes françaises du Hamas et combien s’ajouteront demain ?

C’est ici l’occasion pour moi d’adresser nos remerciements à toute l’équipe du MMT et en tout premier lieu à son président Henry Rousso comme à sa Directrice Générale, Elisabeth Pelsez, merci à tous les deux pour le travail accompli, merci pour la place faite aux victimes et aux associations qui les représentent dans l’élaboration du projet artistique du mémorial.

Les victimes du terrorisme, les victimes des attentats du 13 novembre que nous représentons, elles sont nombreuses, il y a celles dont on se souviendra des noms, celles dont les noms sont évoqués par les médias, V13 n’a contribué qu’à amplifier le phénomène, pour évoquer des parcours « extraordinaires », alors que le terme de résilience est utilisé à l’envi. Telle victimes a publié, telle autre a entamé une reconversion professionnelle, toutes celles-là ont des choses à raconter, mais où sont les victimes ordinaires qui semblent oubliées de ces traitements médiatiques. Les victimes qui ont fait zéro démarche (auprès du FGTI, ne se sont pas constituées au procès, n’ont pas adhéré à une association…), les victimes qui ne sortent pas de chez elles, les victimes isolées, les victimes qui continuent de prendre sur elles pour se rendre à un travail qui les tue, les victimes dont les familles se désintègrent. A ces invisibles, à eux qui passent sous les radars des récits médiatiques et donc de la perception du grand public, nous voulons rendre hommage aujourd’hui.

Le procès a montré que le traumatisme est un mal au long cours, un mal qui peut se révéler après un effet retard.

A tous ceux-là nous disons que nous sommes toujours là pour eux, que nos associations sont ouvertes, bienveillantes et que notre main leur est toujours tendue.

Et nous disons aussi que nous devons poursuivre notre travail tendant, par tous moyens et sous toute forme, notamment en nous associant à d’autres associations telle l’AFVT et la FENVAC, à la prévention de la radicalisation.

Merci à tous.